Nature d'ailleurs : Népal 3/3, Randonnée dans la jungle

Publié le par tytothomas

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Impossible de tout raconter, de toute évidence la partie la plus incroyable de mon voyage !

Je suis donc au Népal depuis presque 2 semaines et à Kaule depuis 4 jours quand nous nous lançons pour une petite expédition en montagne. Nous sommes à 2 200 mètres d'altitude, dans un climat chaud et humide et ce que j'aimerai voir du Népal avant de repartir, ce sont les yacks et les paysages qui les entourent, pour me sentir un peu au Tibet qui est si près de moi.

Seulement c'est la mousson et les routes sont bloquées par des glissements de terrain, si je veux aller là bas, il faudra 2 jours de marche. 4 heures le premier jour, une fois et demi plus le lendemain. C'est dans mes capacités. Mais une fois de plus, l'estimation Tamang des distances est loin de la réalité...

Nous partons donc le matin à 9 heures avec Kaman, Tul et leur père. Il a vécu 12 ans à 3000 mètres d'altitude avec leur grand père, il leur en a toujours parlé, mais Kaman et Tul n'ont jamais vu ce lieu. Encore un honneur, ça sera notre halte pour une nuit.

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La brume se dissipe peu à peu sur les montagnes. Nous avançons d'abord sur des escaliers, début difficile, puis sur un vrai chemin, beaucoup plus agréable, mais je suis déjà trempé.

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Enfin quand je dis vrai chemin... tout est relatif évidemment...

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Avec parfois quelques rencontres curieuses comme cette chenille ou des limaces jaunes.

A 11 heures on se trouve déjà au chorten, ça va, on n'arrivera pas trop tard je pourrais faire des photos...

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Nous arrivons au pied d'une immense cascade

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Merci Kaman pour les photos !

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Puis nous arrivons dans une superbe zone paturée, ça ressemble un peu à ça dans mon imaginaire. Quelques locaux nous regardent passer, étonnés, quelqu'un demande si je suis chinois... oui, un étranger dans la vallée, c'est rare. Je n'ai pas l'air d'être d'ici alors je dois venir de très loin, et très loin c'est la Chine^^. On arrive peu à peu dans la zone où aucun étranger n'a été avant, c'est vraiment l'aventure, je n'aurais jamais imaginé ça en montant dans l'avion...

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Tout en haut se trouve un buchet en train de bruler, quelqu'un est mort récemment... ça ne me choque plus, c'est la vie...

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Je pensais voir ce milieu jusqu'en haut mais non, nous faisons le tour d'une montagne et arrivons sur un versant plus humide, la jungle y reprend le dessus.

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Beau petit chemin, agréable bien que glissant.

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Au bord du chemin des fougères immenses, bien plus grandes que nous, et partout de petites sources.

Un cri très aigu se fait entendre près de nous, comme un rapace. Tul et moi essayons de voir ce que c'est, impossible, il n'est pourtant qu'à une dizaine de mètres devant nous. Nous ne tardons pas Kaman et son père s'éloignent devant, mais quelques minutes après nous comprenons d'où venait ce cri, un aigle s'envole et cercle au dessus de nous. C'est un serpentaire bacha - Spilornis cheela.13

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On marche depuis 2 heures, on devrait arriver dans quelques heures, je prends donc un peu le temps de faire quelques photos, et d'enlever quelques sangsues de mes chaussures.

A midi et demi on fait une pause pour manger du riz, une heure de pause au bord d'une cascade.

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Je me renseigne un peu, on a fait 70% du chemin en 3 heures. ça fait plaisir. Nous repartons à 13h30, marchons une heure puis sentant qu'on approche et surtout trempé par la mousson qui n'arrête plus je me renseigne... il reste 2 heures. 3 heures = 70%, 6 heures=100%, comme un bug...

Je fais une dernière photo puis met mon appareil photo à l'abri, la pluie est trop forte je ne veux pas prendre de risques..

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Voici donc le pont le plus luxueux que nous avons eu, il glisse certes, le ruisseau est un torrent 3 mètres en dessous, mais celui là est bien. Certains ponts ne sont que 2 poutres glissantes même pas fixées l'une à l'autre, à 5 mètres au dessus d'une cascade. Ayant les chaussures déjà pleines d'eau (sous la mousson les chemins se transforment en torrent) je ne prends pas de risque et préfère parfois traverser avec de l'eau jusqu'aux genoux plutôt que de passer par ces ponts qui ne demandent qu'à vous voir tomber.

On remarche une heure et il en reste 3, décourageant, mais pourquoi j'ai posé la question moi ???

Au bout de 6h30 de marche sur des escaliers torrents, sous une forte chaleur et après 5 nuits à "dormir" sur une planche, je suis crevé et n'arrive plus à avancer. On échange les sacs pour que j'en ai un plus léger puis on repart. La mousson est toujours aussi forte, comme si on prenait des seaux d'eau sur la tête. Au bout de 7 heures de marche on a tous du mal à avancer, surtout que je ne crois plus personne quand on me dit qu'on arrive bientôt. Le père nous montre une grange en ruine qui prend l'eau de partout et nous dit qu'on dormira dans quelque chose comme ça. C'est vraiment l'aventure. Des branches se mettent à bouger devant nous, tout le monde recule inquiet, "maybe a tiger". Finalement c'est une vache, mais je réalise que si on croise un tigre, je suis à 7 heures de marche d'un village à 5h30 de marche d'un village à 6 heures de bus de l'hôpital le plus proche... comment dire... j'ai connu plus rassurant comme situation... J'en profite pour leur expliquer qu'en cas de problème, ils trouveront sur la première page de mon carnet le numéro de téléphone, l'adresse mail et l'adresse de l'ambassade de France au Népal... en espérant que ça ne serve jamais.

La pluie cesse enfin, les nuages se dissipent, les montagnes sont superbes, comme celles du film Avatar, c'est la première pensée qui me vient en les voyant. On rencontre des gens, des bergers installées là haut 3 mois par an quand ça n'est pas bloqué par la neige. On voit un des oiseaux multicolores dont on nous parlait.. c'est une huppe fasciée. Mon sac est trempé, beaucoup trop pour que j'ose sortir mon appareil photo.

On continue à monter et on voit de plus en plus de vaches, de grosses taches de sang au sol et des sangsues gorgées de sang par terre... On arrive enfin au col, après avoir fait le tour de 5 ou 6 montagnes. Une grande croix marque l'endroit, le christianisme est arrivé jusque là, mêlé au chamanisme pour mieux passer.

A 17h30 nous arrivons dans une cabane. Le sol du chemin est glissant, ce sont uniquement des planches, quand on glisse on s'enfonce dans la bouse jusqu'à mi mollet, mais je ne suis plus à ça près après la randonnée de 7h30 que je viens de faire. Deux bergers vivent dans l'étable et nous accueillent au coin du feu. J'enlève enfin mes chaussures et découvre mes chaussettes blanches devenues complètement rouge sang. Je les tord, il n'y a que du sang qui coule. Pas rassurant. J'enlève enfin les sangsues, un peu partout, jusque dans mes cheveux. Je désinfecte tout ça et m'installe.

Au menu, des nouilles. Ils savent que j'aime pas trop les épices. Ils préparent donc les nouilles avec les épices fournies dans le paquet, puis me servent avant de rajouter beaucoup d'épices. Je n'arrive même pas à manger 3 cuillères alors qu'ils ont un plat beaucoup beaucoup plus épicé qu'ils mangent sans problème. Je prends donc un paquet de nouilles sèches comme repas, puis un peu de lait concentré que j'avais emmené. Je m'installe pour dormir puis on me propose de la purée de maïs, ça n'a pas de gout mais je ne refuse pas quelque chose qui rempli bien l'estomac.

Je m'installe, Kaman dort à côté de moi, au coin du feu. Quand il bouge les planches me rentrent dans le dos, mais ça colle tellement avec l'ambiance et je suis si fatigué que je m'assoupie petit à petit. Quand je commence à m'endormir j'entends du bruit à mes pieds, le veau qui y était couché vient de faire une bouse à moins de 20 centimètres de mon duvet, il ne va pas falloir bouger en dormant.

A côté quelques chèvres toussent et les poules font un peu de bruit. Il ne manque plus que l'âne et le petit Jésus... la vrai vie comme il y a 2000 ans. On s'endort vers 21 heures.

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Réveillé à 4h par le jour, minuit et demi en France, le berger ramasse les bouses de la nuit à la main, les jette dehors puis se lave les mains dans cet abreuvoir que je n'aurais jamais osé toucher.

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Il prend ensuite la vaisselle et la nettoie avec de la cendre, dans ce même abreuvoir. Il pose ensuite la marmite sur le feu, y verse de l'eau puis trempe ses mains dedans en y mettant les nouilles... pas trop faim moi ce matin...

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Je ne me lève pas, je prends juste quelques photos de là où je suis pour vous faire partager ça. Au dessus de ma tête ces paniers faits-main.

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Puis à ma droite le feu et à mes pieds le veau. Les murs sont faits de planches taillées à la hache, le plafond de ces mêmes planches recouvertes de fagots d'herbes. Sur la droite le matériel pour traire les vaches et faire le beurre. Quand j'y repense j'aurais peut-être du éviter de le boire ce lait...

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Puis le berger se remet au travail et confectionne un nouveau panier.

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Je finis par me lever, trop impatient de voir ce paysage sans nuages. Bon il y en a quand même mais on voit à plus de 10 mètres ça change.

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La voici l'étable où j'ai passé la nuit. Au dessus des buffles pâturent, certains se font régulièrement tuer par des tigres...

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Une balsamine de l'Himalaya, dans l'Himalaya. En France je l'aurais arrachée, ici c'est un plaisir de la voir !

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Je refais quelques photos de la chambre d'à côté,

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puis dans ma chambre^^

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Aujourd'hui on doit faire une fois et demi la marche de la veille, je suppose donc que c'est 2 à 3 fois nos 7h30 en vrai, on décide donc de rentrer, les yacks seront pour un autre voyage ! La première chose à apprendre en montagne c'est de savoir faire demi-tour.

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On part donc faire une petite balade de 3 heures avant de redescendre. La brume est revenue.

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Voici comment sont faits les murs de l'étable. L'arbre à droite est abattu, au milieu on le voit à terre et les planches sont fabriquées dessus puis stockées à gauche.

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On trouve quelques pièges à oiseaux, puis très vite les braconniers qui vont avec. Aucun garde ne vient jamais ici...

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Leur fusil est fait maison. Ils ont sculpté le bois et forgé le fer. Je n'ose même pas m'en approcher...

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Ambiance très particulière ! Incroyable ! et je réalise que je suis dans une jungle alors que j'en avais jamais révé...

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On voit le chemin ici^^.

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Forêt presque primaire, avec du bois mort partout, et vous me connaissez, ça me plait !

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Des cigales chantent partout, d'un cri strident.

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Puis tout le monde se sépare pour ramasser des girolles. Je me retrouve seul dans la jungle, au milieu des tigres, à 3000 mètres d'altitude, au Népal !

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On ne change pas, même à l'autre bout du monde^^.

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Voici quelques sangsues.

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Après 3heures de marche on retourne à l'étable, on mange un peu et on redescend. 6h45 de descente bien fatiguante sous la pluie, je tombe 5 fois... content de retrouver les moustiques de Kaule.

Je fais le compte : 38 morsures de sangsues jusqu'au sang, du cou aux pieds...

Voilà, je suis rentré plein de souvenirs en tête et j'espère y retourner !

Retour à la vie française un peu difficile, fin d'apprentissage, mes 23 ans samedi dernier et me voilà à Montpellier. Mercredi oral de fin de master, reste plus qu'à croiser les doigts et vendredi je termine officiellement ma scolarité, à moins que je fasse une thèse mais rien de sur pour l'instant. En attendant chômage... j'espère trouver quelque chose de bien assez vite !

à bientôt !

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D
Quelle expédition !!!!!!......sûrement des souvenirs qui te resteront à jamais.<br /> Merci pour ce partage et bonne chance pour ton master
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