Un week-end pyrénéen comme on en rêve

Publié le par tytothomas

Tant de choses à partager, si peu de mots pour l'exprimer. Un superbe week-end entre Arbas et Melles, quelques photos pour vous y enmener un peu.

Tout d'abord voici ma première rencontre, le bourreau des hirondelles. C'est lui, le faucon hobereau (Falco subbuteo), un petit faucon (28 à 36 cm de long pour 70 à 84 cm d'envergure) qui a tout des grands.

Il vole avec une agilité et une rapidité incroyable, alternant des vols battus, des piqués et des vols planés. Très caractéristique à la forme et la finesse de ses ailes, à la couleur rouille qui entoure ses pattes, à son ventre strié et à son casque qui rappelle le faucon pélerin, c'est un véritable plaisir pour les yeux.

Même s'il n'est pas menacé en France (classé LC (préoccupation mineure) par l'Union International pour la Conservation de la Nature UICN), en régression de 5% depuis 2001 (ce qui n'a rien d'alarmant et peut être expliqué par des variations saisonnières) il reste généralement dur à observer du fait de sa rapidité.

 

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J'ai eu la chance inespérée de l'observer de très près, au hasard d'une route de campagne non loin d'Arbas (31), à Montespan. J'étais censé être pressé de partir pour rejoindre la vraie montagne sauvage des Pyrénées, à Melles, où l'on rencontre encore relativement facilement des indices de présence d'ours brun ou un grand tétras, pour passer la nuit dans un refuge, randonner et faire de la photo mais je suis resté figé devant cet impressionnant ballet.

 

4 faucons chassaient des insectes au dessus d'une prairie. Observation surréelle de cette espèce habituellement si furtive. 1h après avoir vu le premier faucon, j'étais toujours là, incapable de redémarrer, bloqué, envouté par la grâce de ce si beau rapace.

Le voici donc, ignorant totalement ma présence, passant parfois juste au dessus de moi, à 3m de haut, trop occupé à chasser :

 

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Pas évident à photographier malgré sa proximité, sa vitesse me pose problème pour le suivre avec l'appareil, je dézoome, le retrouve, rezoome, l'autofocus sature et n'arrive plus à faire la mise au point, je suis dans ma voiture et refuse d'en sortir pour ne pas perturber ces oiseaux. Plié en 4 sur ma fenêtre grande ouverte, je décide de ne faire que des mises au point manuelles. Je réalise de longues séries de photos, puis des pauses où je profite simplement de l'instant, ne pensant à rien, des moments où un faucon se dirige aveuglement vers moi pour virer au dernier moment et je finis par refaire une série de photos.

 

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Il passe et repasse, volant parfois assez haut au dessus de la prairie puis piquant vers le sol pour survoler à nouveau la prairie dans l'autre sens à très basse altitude. Les 4 individus semblaient chasser stratégiquement, passant par vagues successives, chacun dans un secteur précis, s'éloignant quelques minutes avant de revenir tous ensemble pour un autre passage.

 

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Voici quelques images de la capture d'une proie réalisées parfois sur différentes chasses et assemblées ici dans un ordre chronologique pour retracer du mieux possible la chasse "typique" de cet oiseau.

 

Tout d'abord, volant à grande vitesse, le faucon repère un insecte comme on peut le voir ci-dessous :

 

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Aussitôt après avoir repéré sa proie, en un coup d'aile il change de trajectoire, projette ses serres en avant et se saisit de l'insecte convoité.

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Ne prenant pas le temps de se poser, il consomme sa proie en vol lors de petits vols planés.

 

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Il répete ainsi sans cesse cette même scène de chasse.

 

Moments magiques, pendant plus d'une heure qui m'a semblé ne durer que quelques minutes. Je finis par les laisser chasser, prends la route pour Melles, prenant juste le temps de passer voir les guépiers d'Europe (Merops apiaster) qui font des allées et venues autour du nid, apportant des libellules, des bourdons, un machaon.

 

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Je croise des pie-grièches écorcheur (Lanius collurio), des tariers pâtres (Saxicola rubicola), des milans noirs (Milvus migrans) et royaux (Milvus milvus), des grands corbeaux (Corvus corax), un coucou gris (Cuculus canoria), un circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), un faucon pélerin (Falco peregrinus).  Les hirondelles rustique (Hirundo rustica) et de fenêtre (Delichon urbicum) sont maintenant accompagnées d'hirondelles de rochers (Pyonoprogne rupestris) dans leur ballet. Au bord de la rivière le cincle plongeur (Cinclus cinclus) pêche en compagnie des bergeronnettes grises (Motacilla alba) et de ruisseaux (Motacilla cinerea) et des gobemouches gris (Muscicapa striata) qui hapent quelques insectes.

 

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Après avoir passé quelques cols, j'arrive face à la montagne que je voulais. 2 heures de marche dans une superbe hêtraie sapinière, je ramasse un cèpe et quelques girolles et j'arrive au refuge juste avant la nuit pour passer une petite soirée à lire coupé du monde. Un chevreuil (Capreolus capreolus) m'observe tranquillement en sous-bois.

 

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Il est 20h30, la lumière baisse, la brume recouvre la forêt, les conditions ne sont pas idéales. Je fais quelques réglages, 1600 iso, 1/50ème de seconde... heureusement qu'il n'était pas pressé de partir .

 

Petite photo prise une semaine avant au même endroit, au coucher du soleil.

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Le lendemain matin je me lève tôt, les sangliers ont labouré la prairie autour de moi. Je marche dans la brume, me laisse emporter par l'ambiance si particulière d'une forêt sauvage, passant entre de superbes hêtres, du bois mort.

 

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J'entends parfois les cris apeurés des geais des chênes (Garrulus glandarius), le flûté des bouvreuils pivoine (Pyrrhula pyrrhula)  qui s'envolent sur mon passage, le chant du troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes) ou des mésanges huppées (Lophophanes cristatus), noires (Periparus ater) et nonnettes (Poecile palustris).

 

Je marche lentement, sur des pentes de 30 à 40%, cherchant des indices qui trahiraient la présence d'un plantigrade. Je trouve une petite empreinte d'ours, mal marquée, mais on y distingue des doigts, comme une patte avant. Sur le circuit, je connais quelques arbres qui servent pour le suivi des ours, où ceux ci se frottent et sur lesquels de petits morceaux de grillages ou de barbelés permettent de récupérer des poils.

 

J'arrive au premier arbre et j'ai aussitôt confirmation. L'ours brun (Ursus arctos) est bien présent ici, il a laissé ses poils récemment, une petite touffe rappelant des cheveux :

 

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Je n'y touche pas, c'est un outil de travail important pour le suivi, quelqu'un de l'équipe ours passera les collecter, des analyses génétiques seront effectuées pour savoir à quel ours appartiennent ces poils et donc savoir où se situe quel animal. Le moindre contact avec mes mains polluerait l'échantillon. Je continue donc mon chemin, imaginant l'ours à chaque virage, me laissant emporter par des films où l'ours passe devant moi en toute sérénité et où je peux le prendre en photo sans le déranger. J'arrive dans un couloir d'avalanche, me régale de myrtilles puis choisis un poste d'observation. J'ai beau attendre il ne viendra pas.

 

Je continue alors entre prairies et sapinières, retourne voir quelques jardins suspendus où l'on trouve du lis martagon (Lilium martagon), superbe fleur sauvage.

 

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Je repars, traverse la forêt et retrouve l'arbre où j'avais vu des poils il y a deux semaines :

 

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A cet endroit nous avions aussi trouvé quelques plumes et crottes de grand tétras (Tetrao urogallus), un autre symbole des Pyrénées.

Le vent se lève, la brume s'en va quelques instants, j'arrive dans un autre site magnifique où j'avais surpris quelques lézards vivipares (Zootoca vivipara) et une vipère aspic (Vipera aspis) en plein repas :

 

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(photos prises il y a 2 semaines)

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Je traverse et retraverse le ruisseau, enjambant du mieux possible les massifs de spheignes et de droseras (Rosolis à feuille ronde - Drosera rotondifolia), ces petites plantes carnivores qui commencent à fleurir :

 

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De nombreux tétards de grenouilles rousses (Rana temporaria) s'échappent à chacun de mes pas, quelques individus un peu plus âgés sautent ça et là.

 

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Je continue mon chemin, la brume s'est suffisamment écartée pour voir la vallée. Là-bas, tout en bas, on distingue quelques maisons, aux jumelles j'aperçois ma voiture. Beaucoup de marche, de grosses pentes, quelques glissades, ça se mérite un ours !

 

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La rando est loin d'être finie mais je me redirige déjà vers le parking. Je repasse dans des superbes hêtraies-sapinières, partout du bois mort, signe de bonne santé de cette forêt.

 

Chaque arbre couché regorge de vie, certains sont en copeaux, attaqués par le pic noir (Dryocopus martius), d'autres forment de magnifiques jardins suspendus :

 

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Je redescend toujours plus, pas d'ours aujourd'hui, ça sera pour une autre fois. Comme on dit toujours, la nature n'est pas un supermarché, on ne sait jamais ce qu'on va y voir, on ne peut jamais trouver du premier coup ce qu'on cherche. Ca fait partie du jeu, c'est ce qui rend chaque rencontre aussi vivante, c'est ce qui fait battre le coeur un peu plus vite à chaque découverte.

En attendant Dame Nature me récompense à sa façon, un petit kilo de girolles, quelques cèpes, je sais ce que je mangerai en rentrant le soir.

 

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une journée et 2 week-ends successifs passés là-bas

j'y retournerai c'est certain !

 

à bientôt

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L
<br /> alors oui c'est un super article, hélas je ne vois pas la photo du guepier et franchement les rhodos à la fin c'est stressant ^^<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> héhéhé souvenir souvenir, vive les rhodos !<br /> <br /> <br /> <br />