Amplexus de Calotriton au Néouvielle
Calotriton asper - Amplexus
Qu'est-ce que c'est que ce charabia ? Alors, l'Amplexus, c'est le nom que l'on donne à l'accouplement chez les amphibiens. Le Calotriton, c'est celui qu'on appelait avant l'Euprocte des Pyrénées, mais je n'ai plus besoin de le présenter non ? Si besoin, l'article que je lui avais consacré est là .
Et pour finir, le Néouvielle, et plus exactement la Réserve Naturelle Nationale du Néouvielle, c'est tout simplement (à mes yeux) l'un des plus beaux endroits des Pyrénées.
Bon, la météo n'était pas extraordinaire, mais Léa voulait voir des Gypaètes et des Calotritons, alors on a fait un peu de montagne. Ca faisait longtemps que je voulais retourner là haut, d'autant plus que vous connaissez mon amour pour les Pyrénées, mais je n'avais malheureusement pas l'occasion.
Première surprise en arrivant, en plus du parking payant, 4€, il faut maintenant payer 4€ pour prendre une navette pour aller jusqu'au lac d'Aubert. Je suis un peu réticent sur le moment mais suis maintenant totalement convaincu que c'est très bien ainsi et une excellente initiative. Fini le pillage des cèpes ou la cueillette des plantes, tout le monde est sensibilisé sur les points importants de la réserve pendant la montée, et en reprennant le bus ça décourage les actes contraires à la loi. Et puis les informations données sont intéressantes pour le grand public. L'argent collecté sert à aménager et protéger le site dont la fréquentation sur l'été dépasse les 150 000 visiteurs.
Cette réserve est incroyable. Elle bénéficie d'un climat assez chaud pour une telle altitude, le Pin à crochet, Pinus unicata y atteint ainsi son record d'altitude, jusqu'à 2600 mètres. Ils y vivent des siècles avant de mourir et mettent ensuite des siècles avant de tomber et de se décomposer, car pour résister aux températures de l'hiver, ils poussent très lentement, forment un bois très dur, difficile donc à décomposer. Les champignons et insectes détritivores y sont aussi rares et actifs que quelques mois par an, ralentissant ainsi la décomposition.
On y retrouve des espèces uniques, piégées ici lors de la dernière glaciation, et qui ont disparues partout ailleurs, que ce soient des plantes ou des invertébrés.
Nous arrivons donc au lac d'Aubert pour un picnic en cherchant les Gypaètes. Très vite nous observons des Vautours fauves, puis enfin un Gypaète barbu. Nous réaliserons ainsi 3 observations durant l'après midi.
Gypaète barbu - Gypaetus barbatus
La photo est mauvaise, mais on le reconnait bien avec sa queue cunéiforme. Je détaillerai tout ça le jour où j'aurai des photos plus présentables, mais c'est le plus grand rapace de France, pouvant atteindre 2m70 d'envergure !
Nous continuons et observons quelques Orchis tachetés - Dactylorhiza maculata
Puis un groupe de Venturons montagnards - Carduelis citrinella
Ils se nourrissent de graines, se laissant approcher à quelques mètres seulement.
Un peu plus loin d'autres Venturons se baignent dans le ruisseau.
Nous continuons à longer le ruisseau, scrutant les vasques à la recherche des Calotritons.
Autour de nous, des dizaines de jeunes grenouilles rousses sautent partout, nous observons également quelques plantes carnivores comme la Grassette commune - Pinguicula vulgari
ou le Rosolis à feuilles rondes - Drosera rotundifolia
Puis mes yeux balayant le ruisseau se figent sur une forme suspecte, bingo, des Calotritons, et en amplexus.
Pas évidents à voir du premier coup d'oeil n'est-ce pas ?
Secrêt de fabrication pour la photo ? Tout simplement le meilleur allié d'un naturaliste, un chapeau pour faire un peu d'ombre et éviter les reflets à la surface de l'eau, et une main à la surface de l'eau en amont (merci Léa) pour bloquer les vaguelettes et lisser la surface de l'eau .
Un peu plus loin nous observerons un autre adulte, puis ce jeune individu, reconnaissable à la ligne sur son dos.
Retour à Mirande pour quelques jours avant de repartir, et les photos toujours pas toutes triées (ça va prendre des semaines à ce rythme là...). Les chaussures mises à sécher en plein soleil, c'est la seule solution avec le Virkon pour se débarasser de la Chitridiomycose, ce champignon qui décime les amphibiens et qui a tué près de 100% des Alytes accoucheurs du Néouvielle, dont la population avait la particularité d'être l'une des plus hautes, et dont les individus pouvaient rester à l'état de têtards plus de 10 ans avant de pouvoir se métamorphoser.
à bientôt !